Georges Vicaire et sa famille

Georges Vicaire (1853-1921) est un bibliophile renommé, auteur de l’incontournable Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle publié en 1920.

Conservateur à la bibliothèque de l’Arsenal en 1891, puis à la bibliothèque Mazarine, Georges Vicaire devient en 1909 conservateur de la bibliothèque léguée à l’Institut de France par le vicomte belge Spoelberch de Lovenjoul, collectionneur de manuscrits littéraires du XIXe siècle, et installe la bibliothèque en 1910 à Chantilly dans une grande maison située à côté des Grandes Écuries, 23 rue du Connétable.

Lors de la déclaration de guerre, Georges Vicaire met les manuscrits en sûreté, pour ne les réinstaller que fin avril 1917. Avec son épouse Jeanne Gras, ils eurent quatre enfants dont trois vécurent : Jean, né en 1888, mobilisé en 1914, qui sert comme lieutenant au 27e Dragons (section mitrailleuses), Marcel (1893-1976), l’auteur des photographies, et Elisabeth (1898-1936).

Marcel Vicaire est artiste peintre, sculpteur et photographe amateur. Souffrant d'un handicap à la hanche, il avait été réformé. À la déclaration de guerre (il a vingt-et-un ans), ses parents l’envoient chez des cousins à Saint-Malo avec sa sœur Elisabeth, alors âgée de seize ans pour les éloigner du front. Marcel s’engage comme infirmier à l’ambulance (hôpital) de Saint-Malo puis il revient en décembre 1914 avec Elisabeth à Chantilly, où tous deux deviennent infirmiers volontaires à l’ambulance Lovenjoul comme leurs parents. Marcel Vicaire, bien que réformé, s’engage en décembre 1915, il est affecté aux services météo de compagnies d’aérostiers jusqu’en mai 1917. Blessé lors d’une chute en ballon, il est réformé le 21 septembre 1917 et reçoit la médaille commémorative de la guerre de 1914-1918, la médaille interalliée de la guerre 1914-1918 et l’insigne des blessés de guerre 1914-1918. Ayant étudié le dessin, la peinture et la sculpture à l’Académie Jullian après-guerre, il fait une carrière de conservateur au Maroc, au musée du Batha à Fès en 1923, puis au musée des Oudaïa à Rabat où il demeura plus de vingt ans.

Les premières photographies montrent les loisirs d’une famille unie à la Belle Époque dans une ville agréable : tennis sur la pelouse, promenades en forêt, excursions en cabriolet à cheval, patinage l’hiver sur les douves gelées, dimanches à l’hippodrome de Chantilly, entraînement des chevaux de course en forêt ; les Vicaire photographient bien sûr le château et son parc, saisissant par exemple quelques images d’une inondation spectaculaire rue du Connétable, devant la bibliothèque Lovenjoul.