Le Fonds Auguste Terrier

Inventaire du fonds

Une des richesses de la bibliothèque de l’Institut de France tient à sa diversité. Certains fonds sont déposés en raison du prestige de l’institution ou des relations personnelles de tel ou tel avec avec des académiciens, d’autres n’ont guère de liens avec l’Institut : c’est le cas du fonds Terrier.

Auguste Terrier, né en 1873, débute sa carrière comme rédacteur au Journal des Débats puis entre comme secrétaire à la Société d’études et de propagande, fondée, entre autres, par son beau-frère, Harry Alis en 1890.
Cette Société, pour laquelle Terrier va se passionner toute sa vie, prend le nom de Comité de l’Afrique française. Il participe à l’élaboration des plans, équipements et mise en route du personnel des missions qui partent en exploration de l’Afrique occidentale et dirige le Bulletin mensuel du Comité, L’Afrique française.

De 1906 à 1914, il poursuit son œuvre au Maroc et crée à la demande du général Lyautey, l’Office du protectorat marocain à Paris en 1913.

Auguste Terrier dirigera également l’Office chrétien du Maroc et sera censeur du Crédit foncier d’Algérie et de Tunisie. Membre de l’Académie des sciences d’outre-mer, il est aussi vice-président de la Société des africanistes. Parmi ses ouvrages les plus connus, Les colonies françaises, un siècle d’expansion coloniale en collaboration avec Marcel Dubois paru en 1901 et Le Maroc publié en 1931.

Henri Déhérain, conservateur de la bibliothèque de l’Institut, qui reçut en 1932 le don de la veuve d’Auguste Terrier, Renée Terrier dit qu’« au fur et à mesure qu’une question nouvelle se posait, Terrier composait un dossier de notes manuscrites, brochures, coupures de journaux, français et étrangers. »

Ainsi, le fonds Terrier constitue une importante documentation sur l’histoire coloniale française. Il est composé de dossiers comprenant de nombreuses notes manuscrites, de pièces originales, copies et coupures de presse, mais c’est sa correspondance personnelle avec les grandes figures de l’empire colonial qui est incontournable pour les historiens.

Pour la première fois, l’Institut de France présente plusieurs pièces de l’album de documents et photographies réunis par Auguste Terrier pendant la Première Guerre mondiale que la bibliothèque a intitulé « Légion étrangère ».
Son regard, original, et ses choix de collectionneur nous donnent notamment une représentation unique de la guerre vue des colonies. Les photographies, évocation de la vie des soldats marocains dans le sud de la France, sont en complet décalage avec les images du conflit que nous avons l’habitude de voir. Ainsi, cette différence de point de vue vient enrichir notre compréhension de la guerre et fait de cet album, un objet exceptionnel.

Le travail d’Auguste Terrier auprès des troupes marocaines pendant la Première Guerre mondiale

Outre les documents présentés en ouverture de cet album, ce sont les photographies qui retiennent notre attention car elles présentent un aspect méconnu de la guerre, la vie des troupes marocaines cantonnées dans le sud de la France. Créées par le général Lyautey, ces unités sont embarquées du Maroc en métropole dès 1914. La plupart ne sont pas envoyées au front directement et attendent dans un cantonnement du sud de la France.

Auguste Terrier, en tant que directeur de l’Office du protectorat au Maroc, joue un rôle essentiel et se montre d’une grande sollicitude envers ces soldats déracinés. L’Office crée de nombreuses œuvres de guerre, notamment le Foyer du soldat marocain et la maison de convalescence de San-Salvadour près d’Hyères.

Ces photographies, où se mêlent colons, fonctionnaires, officiers et soldats, nous montrent comment ces derniers essayaient de recréer la vie et les habitudes qu’ils avaient au Maroc. Ainsi, le service du thé qui les montre assis sur la terrasse ou encore les photographies du pays accrochées au-dessus de leur lit sont autant de témoignages touchants de leur passage.
Rien ne nous indique qu’Auguste Terrier soit le photographe ni qu’il apparaisse sur les images.