Histoire de l'hôpital auxiliaire n°265

Un hôpital sous le contrôle du ministère de la Guerre et de la Croix-Rouge

Dès le 7 août 1914, soit quelques jours après l’entrée en guerre de la France, deux membres de l’Académie française se présentent devant la Commission administrative centrale de l'Institut de France avec le projet ambitieux de créer un hôpital au sein de l’hôtel Dosne-Thiers afin de répondre aux nécessités de la guerre. Le premier est Gabriel Hanotaux, homme politique et historien, par ailleurs membre du Conseil de direction de l’Association des Dames Françaises, dépendant de la Croix Rouge. Le second est Frédéric Masson, bibliothécaire et historien, grand spécialiste de Napoléon.

La Commission accepte immédiatement de financer un hôpital de 50 lits à raison de 3 francs par jour et par lit et octroie une somme de 30 000 francs pour l’aménagement de l’hôtel. L’Association des Dames Françaises verse 10 000 francs au projet et se charge d’assurer la direction et d’entretenir le personnel de l’hôpital.

Les travaux sont conséquents, tout est à faire pour transformer l’hôtel Dosne-Thiers en véritable hôpital. L’ancienne demeure d’Adolphe Thiers, léguée à l’Institut en 1905 pour en faire une bibliothèque, doit subir d’importantes modifications. Sous la direction de M. Gaugé pour la partie architecturale, M. Hamy de l’Observatoire et du docteur Charles Diehl pour la partie technique, on entreprend l’aménagement des pièces.
Seul le 2e étage où sont entreposés les livres reste intact.

Au rez-de-chaussée et au 1er étage, 4 lavabos et 2 WC sont installés dans une annexe de la charpente ainsi qu’un système de vidange branché sur le tout-à-l’égout. Le téléphone et l’électricité sont posés partout.

Au rez-de chaussée, la salle à manger située au fond à gauche est refendue en 4 pièces par des cloisons : un économat, un passage pour les lavabos, une vaste salle et un cabinet de toilette pour les infirmières.
Il est décidé que les blessés debout, semi-guéris ou convalescents seront répartis dans les deux grands salons et l’administration installée dans le 1er salon ovale. Dans des pièces annexes, sont aménagées, la pharmacie et la salle de bain.

Le 1er étage sera dédié à l’hospitalisation des grands blessés répartis dans trois salles de 5, 15 et 6 lits. Un service de chirurgie et une salle de stérilisation sont aménagés avec les perfectionnements les plus récents. L’installation chirurgicale est un modèle du genre. Un service de lingerie, une chambre d’infirmière et une salle de radiographie à la pointe de la modernité viendront compléter cette organisation.

La cuisine, les resserres et le garde-manger sont installés au sous-sol. Les communs abritent une salle de désinfection pour les vêtements des blessés ainsi qu’un magasin où sont étiquetés leurs effets remis à neuf.

Dans les écuries, une chambre funéraire est ornée de plantes vertes et de drapeaux. Au-dessus des écuries, les filles de service sont logées provisoirement dans des pièces vétustes avant d’occuper de véritables chambres. Un angle du jardin sert de fourreau à cloche pour brûler les vêtements. L’hôpital se dote d’un mobilier prêté par la Fondation Jacquemart-André et de linges provenant de l’abbaye de Chaalis.

Les travaux sont accomplis en moins de 45 jours grâce aux bonnes volontés qui ne cessent d’entourer la vie de cet hôpital tout au long de la guerre.

Frédéric Masson écrit :

« le service des blessés embellissait tout, et rendait tout facile... »