La mise en place d’un Comité international

Pierre Imbart de La Tour réunit autour de lui des membres des Cinq Académies qui suscitent la création d’un Comité international.

Ce comité d’honneur est composé des esprits et talents les plus illustres de chaque pays, des représentants des Académies ou des Universités. Son seul rôle est de

« faire connaître l’œuvre, d’affirmer par un appel commun signé de tous ses membres, la solidarité étroite qui doit unir tous les corps savants, de porter à l’un d’entre eux, victime de la guerre, l’hommage et les sympathies de l’élite intellectuelle des peuples civilisés. »

Ces membres de l’Institut qui en ont pris l’initiative n’ont pas d’autre rôle que de préparer sa formation. Nous pouvons citer notamment Étienne Lamy, Émile Boutroux (le président du comité français), Alfred Rébelliau, Gabriel Hanotaux mais aussi Louis Renault, Edmond Perrier, Léon Bonnat, Camille Saint-Saëns, Antonin Mercié ou encore Louis Bernier.

La mise en pratique du projet tient à la création de comités nationaux. Ceux-ci doivent se former dans les États alliés ou neutres déjà représentés au Comité international. Ces comités se fondent, s’organisent comme ils l’entendent.

Naturellement, dans chaque pays, ils comprendront les membres du Comité international de ce pays mais « il leur importera de rattacher toutes les personnalités, toutes les autorités dont le concours leur paraît utile. »

À ces comités, l’œuvre pratique.
Eux seuls peuvent recueillir les dons de livres et d’argent. Ils agissent de leur pleine indépendance, sous leur responsabilité propre et ne sauraient être sous le contrôle du Comité international. Cependant, il sera nécessaire que, dans leur pays, ils surveillent, dirigent et centralisent la collecte.

Enfin, pour parfaire ce réseau de comités, on décide la création d’un commissariat général, organe de coordination et de classement. Les dons de livres recueillis d’un peu partout, au hasard des générosités spontanées risqueraient d’accumuler des publications inutiles, sans valeurs, les doubles et triples exemplaires d’un même ouvrage. Il s’avère donc nécessaire d’avoir un centre où toutes les listes d’ouvrages promis seraient envoyées et classées en un catalogue. C’est dans un local parisien que Paul Delannoy, précédemment cité, est chargé de l’organiser, « nous désirons qu’il puisse entrer en rapports avec les secrétaires des comités nationaux ou des organisations locales. Il pourra ainsi centraliser les dons et ultérieurement, les listes de livres qui seront directement offerts à Louvain par chaque pays. » 1

Le comité français tient une place considérable dans cette émulation. Présidé par Émile Boutroux, il met en place des comités régionaux, volontiers soutenus par les pouvoirs publics.

« Aucun Français ne peut oublier ce que la France a dû à la Belgique, ni le sacrifice qui, dans les jours tragiques de 1914, a retardé la marche de l’envahisseur. Aucun Français n’ignore les services que nous rend, à l’heure actuelle, la nation amie et alliée qui est à nos côtés dans la paix comme elle le fut dans la guerre ». 2

Par ces mots, le ministre de l’Instruction publique et des beaux-arts, Léon Bérard évoque les rapports d’inter-reconnaissance qui lient les deux pays. Le ministre des Arts et des Sciences belges mettra aussi en place une quête dans toutes les institutions d’enseignement en faveur de la reconstitution des bibliothèques situées dans les régions dévastées françaises.

Il est impossible de ne pas évoquer le traumatisme engendré par l’incendie de la cathédrale de Reims le 19 septembre 1914 qui mêla aux motivations des Français, le patriotisme.