Où allons-nous ?

par Émile Boutroux

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Président

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Messieurs,

Les temps sont passés où l’on pouvait se laisser vivre, en contemplant d’un œil amusé la marche logique ou capricieuse des choses : une réalité poignante nous étreint et semble nous emporter ; et involontairement nous nous demandons : « Où allons-nous ? Où nous mènent les forces qui se déchaînent ? Est-il encore en notre pouvoir de diriger notre destinée ? »

Une réponse, il est vrai, tout de suite, nous monte aux lèvres : Qui donc, en cette guerre, a déterminé l’événement ? Est-ce une fatalité aveugle ou le jeu mécanique de lois nécessaires ? N’est-ce pas plutôt la vaillance réfléchie et volontaire de nos admirables soldats, soutenus par des populations qui avaient à cœur de se montrer dignes d’eux, et commandés par des chefs en qui s’incarnaient, avec les meilleures qualités de l’esprit français, la résolution inébranlable de ne traiter qu’après la victoire ?

Certes. Mais à considérer le train actuel des choses, certains se demandent si cet immense effort pour subjuguer les puissances du mal ne risque pas d’aboutir, en fait, à précipiter et rendre plus irrésistible le torrent des révolutions imminentes. La guerre des armes, entendons-nous dire, est terminée ; une autre guerre se réveille et se déploie : la vraie guerre sainte, celle des classes, celle des travailleurs contre les parasites, des employés contre les employeurs, de l’usine contre l’État, celle qui doit faire, enfin, de la terre même, le paradis rêvé par les déshérités. Guerre tragique, elle aussi : d’un côté, la société humaine, telle que les siècles l’ont faite ; de l’autre, une organisation qui se considère comme ayant pour elle le nombre, le droit, la discipline, la toute-puissance, et qui se donne pour tâche d’anéantir l’ordre social traditionnel.

Nul doute que la peur, chez les uns, un scrupule subtil de justice, chez les autres, ne disposent plusieurs de ceux-là même que l’on nomme les privilégiés à favoriser la révolution naissante. Est-il vraisemblable, toutefois, que la nation, dans son ensemble, s’abandonne, passive, à l’impétueux courant ?

Diviser les citoyens en deux classes ennemies à mort l’une de l’autre, et n’admettre à l’existence que les agents immédiats de la production industrielle, c’est vouloir anéantir des forces très vivantes, qui ne sont pas moins indispensables à la production que les bras des exécutants, et qui, de plus, ont été spécialement adaptées, par l’action des siècles, à la conservation de cette vie intérieure de pensée et d’imagination, de création intellectuelle, d’aspirations morales et sociales, qui confère à la nation son principal lustre, et qui recule les bornes de la perfection humaine. Est-on bien sûr que ces puissances de vie et d’idéalisme, le jour où, décidément, elles se verront menacées de mort, ne résisteront pas ? Et comment la nation française pourrait-elle, se reniant elle-même, donner comme conclusion à sa glorieuse histoire une guerre intestine qui anéantirait sa situation dans le monde, et qui scellerait sa dissolution et sa ruine !

Que de fois n’avons-nous pas répété que nous devons à nos morts d’agir de telle sorte qu’ils soient contents de nous ? Mais pourraient-ils nous approuver, si nous employions à nous entre-détruire, à détruire la France, la liberté qu’ils nous ont acquise en la payant de leur vie ? Ils se sont sacrifiés pour ouvrir devant nous une ère de sécurité, de prospérité, d’honneur et de progrès : nous ne les trahirons pas. Pour nos morts, nous garderons jalousement le principe de vie et de grandeur que nous ont légué nos ancêtres, Jeanne d’Arc, nos rois et la Révolution : notre unité et notre fraternité nationales.


Ayons confiance, cet appel de nos morts sera entendu. On sait d’ailleurs aujourd’hui, par expérience, qu’une révolution brusquée est une révolution manquée. On s’appliquera donc à procéder par étapes ; et, peu à peu, ceux qui croyaient s’affronter s’apercevront qu’ils marchent dans le même sens. N’est-ce pas la société tout entière qui, d’elle-même, tend à se transformer, de manière à réaliser l’idéal de justice, d’égalité, de bonté, de paix, de bonheur, dont elle est éprise ? Ce monde nouveau, dont les impatients compromettent l’avènement, ne se construit-il pas, sous nos yeux, par une évolution spontanée, au sein même et à la place du monde ancien ? Laissons faire le temps, un temps plus court, sans doute, que ne le supposent ceux qui ne savent juger de l’avenir que par le passé ; et la face de la terre sera renouvelée. Ainsi vont prophétisant maints apôtres du progrès, et déjà ils font briller à nos yeux l’image radieuse de la société future.

Les inégalités révoltantes nées de l’égoïsme, du despotisme et de l’anarchie ont disparu. Tous les citoyens sont convenablement instruits et élevés, gagnent largement leur vie avec un minimum de travail, et jouissent, selon leurs besoins et leurs goûts, des produits de l’activité commune. De copieux loisirs leur sont ménagés, qu’ils consacrent à l’idéal. Dans la famille comme dans la société, l’indépendance est garantie à chaque membre. L’individu vit sa vie, selon sa conscience et son caractère. L’individu est le seul principe et la seule fin de l’organisation sociale tout entière.

Les nations sont des individus collectifs. Une organisation suprême leur garantit, à toutes également, liberté, sécurité, indépendance. Chacune d’elles se développe à son aise, sans autre souci que celui de son bonheur et de la réalisation de ses puissances. La paix universelle, légalement constituée, a pour gages la prospérité universelle, ainsi que l’horreur de la guerre, à jamais implantée dans les cœurs par la terrible expérience que l’humanité vient d’en faire. Homo homini lupus, disait-on jadis : la devise du monde nouveau sera : Homo homini deus.

Éblouissante vision ! Mais est-il sûr que cet idéal puisse se réaliser ? Est-il même certain qu’il mérite le nom d’idéal ?

La condition première de la dignité et du bonheur, nous dit-on, c’est l’indépendance. Mais est-il réellement plus beau, plus grand de se murer dans son individualité, que d’accepter et de chérir les liens familiaux, sociaux, nationaux qui nous font membres intégrants de communautés de plus en plus larges ? Est-il nécessairement honteux de se subordonner et d’obéir ? Confondrons-nous l’obéissance au devoir, à l’honneur, à la loi, aux commandements de la patrie et de l’humanité avec la soumission lâche et intéressée aux injonctions de la force et du despotisme ? Non, obéir à ces autorités idéales n’est pas s’avilir, c’est participer à une perfection où, par soi, l’on n’eût pu atteindre. La liberté ne se conquiert que par une juste obéissance.

Le monde nouveau voit dans le travail une corvée, dont un homme libre se décharge le plus possible. Mais le travail est, en réalité, l’exercice intelligent et fécond de nos facultés, l’élargissement, l’expansion de notre être. Il n’est pas notre misère, mais notre honneur ; et un homme jaloux de faire son métier d’homme ne travaille pas le moins possible, mais le plus qu’il peut. Il exécute sa tâche avec amour, il est fier de créer. Ne lui demandez pas de fixer d’avance la durée et l’intensité de son effort. Il n’est pas le maître de son œuvre, c’est son œuvre qui lui commande.

On veut que les hommes aient tous également part au bonheur et à l’idéal. Certes, à réaliser la perfection humaine, tous, également sont appelés. Gardons-nous, toutefois, pour mettre plus sûrement l’idéal à la portée de tous, de l’abaisser et de l’avilir. Ce ne sont pas nos goûts et nos capacités qui sont la mesure de l’idéal, c’est l’idéal qui juge nos aspirations et nos actes. Au-dessus d’une humanité satisfaite de tâches et de plaisirs à sa portée, nous continuons à concevoir une humanité inquiète, travaillée par le souci de l’idéal véritable, éprise de ces choses, les moins nécessaires et les meilleures de toutes, disait Aristote : la science désintéressée, la libre création de la beauté, l’ennoblissement des mœurs, la philosophie, la recherche de nos destinées supérieures. Sans doute, l’égalité, l’équilibre, la diffusion du bien-être et de la vie facile sont des biens. N’oublions pas, cependant, que toute œuvre supérieure de la nature implique une certaine diversité, une certaine inégalité, et que, s’il est souhaitable que ceux qui sont en bas s’élèvent aussi haut que possible, il ne saurait l’être que ceux qui tirent l’humanité vers les sommets soient précipités jusqu’au point où ils ne dépasseront plus personne. Gardons-nous d’une égalité universelle, qui, née de l’envie et non de l’émulation, ne serait autre chose qu’une médiocrité universelle.

Quant aux nations, on proclame avec raison leur droit de maintenir et de développer librement leur génie propre. Mais dans un monde où les intérêts économiques et l’amour du bien-être sont prépondérants, les souvenirs, les traditions, les coutumes, les gloires, les aspirations idéales qui constituent l’âme et la personnalité d’une nation ne sont plus que des objets de curiosité, bons à intéresser les érudits et les dilettantes. Le monde nouveau sera un immense creuset, où se fondront et s’amalgameront les métaux les plus divers, pour se changer en une masse homogène. L’internationalisme s’achèvera dans l’effacement des nationalités.

Est-ce bien là l’idéal humain ? Est-il certain que toutes ces qualités rares que les hommes ont acquises en cherchant, non le bien-être, mais l’honneur et la gloire de leur patrie ne soient que des entraves au progrès véritable ? La patrie n’a-t-elle le droit de subsister que si elle abdique ce qui fait son originalité et son essence ? Est-ce bien réellement notre devoir, à nous Français, de détruire le legs de vingt siècles ; et sommes-nous bien sûrs qu’en dépouillant notre caractère national nous enrichirons l’humanité ? Combien plus sensée, semble-t-il, notre vieille doctrine française : La patrie et l’humanité ne sont pas deux rivales jalouses ; la première condition, pour servir réellement l’humanité, c’est de bien servir sa patrie.

Nous ne saurions, dans le monde nouveau que l’on nous annonce, reconnaître notre idéal. Ce monde, du moins, nous procurera-t-il la paix, la sécurité, le doux et mol chevet de l’insouciance, qui, nous dit-on, est le premier des biens pour une tête bien faite ?

Doctement et impérieusement on nous démontre qu’il en doit être ainsi. Cependant, de l’autre côté du Rhin, l’Allemagne se recueille. À la faveur de sa révolution et par l’effet de l’humiliation même qu’elle se vante de subir, sa volonté d’unité nationale, sa séculaire passion de vengeance et de revanche, son instinct de querelle et d’envie, ses ambitions éternelles de conquête et de domination, tous ces traits de son caractère ont acquis une vigueur nouvelle. Jamais on ne la convaincra qu’elle ait été vaincue ; car la défaite, selon ses concepts, seule mesure, à ses yeux, de la vérité, c’est la guerre portée de haute lutte sur son territoire. L’Allemagne donc, dans son fond, reste belliqueuse. Et, comme elle est éminemment tenace, patiente, laborieuse, obéissante, intrigante, habile à dissimuler et à tromper, il est vraisemblable que, tôt ou tard, si on ne l’en empêche, elle recommencera. À moins, certes, qu’elle ne change, et le monde ne saurait que l’y aider, Mais attendons, pour ajuster notre conduite à ce changement, qu’il se soit produit. Les tendances pacifistes du monde de 1914 n’ont pas calmé la passion agressive de l’Allemagne, elles l’ont déchaînée.


L’heure n’est pas venue — est-il possible, est-il souhaitable qu’elle vienne ? — de nous borner à observer et seconder ce que l’on nomme l’évolution nécessaire des choses. Car la pente où nous glissons nous mène, sinon à une catastrophe qui serait notre ruine et notre honte, du moins à l’établissement graduel d’un prétendu paradis, dont les jouissances ne valent pas nos épreuves. C’est pourquoi, non plus aujourd’hui qu’hier, nous ne pouvons nous dispenser d’agir, de réagir, de faire effort, de lutter, d’être des hommes.

Si vraiment nous voulons rester dignes de nos pères, dignes de nos morts, dignes de nous-mêmes, il nous faut maintenir hautement deux mots qu’une prétendue morale moderne tend à effacer : devoir, vertu. Certes, la notion de droit est sacrée, mais elle n’est claire, pratique, féconde, qu’unie à celle de devoir. Ai-je droit au bonheur ? je ne sais ; mais je sais, de science certaine, que je dois employer mes forces à défendre la justice et à conserver les acquisitions qui honorent l’humanité. Et ce serait une erreur de croire que les habiletés de la politique ou les inventions de la pédagogie suffiront à faire des consciences inclinées devant le devoir. Le devoir veut des volontés libres, capables d’énergie et de sacrifice : il exige la vertu. N’espérons pas écarter les maux qui nous menacent, prévenir les agressions possibles, rétablir notre situation économique, libérer nos intelligences et nos cœurs du souci anxieux de l’existence matérielle par la simple revendication de nos droits et le vote de mesures judicieuses : pour subsister dignement, à l’heure actuelle, il nous faut restreindre nos besoins, accroître notre puissance de travail, nous dominer, nous maîtriser, endurer, prendre patience, déployer nos forces intérieures et extérieures, accepter joyeusement les taches pénibles, chercher le bien et non notre plaisir : il nous faut, en un mot, faire preuve de vertu.

Hommes, nous vivons, non seulement, dans le présent, mais dans le passé et dans l’avenir. Nous avons des devoirs envers l’un et l’autre.

Le passé, nous dit-on, c’est le boulet que nous traînons après nous, qui entrave notre marche, et dont nous devons, à tout prix, nous débarrasser. Mais n’est-ce pas aussi un legs prodigieusement riche d’inventions, d’expériences, de conquêtes sur la nature et sur l’ignorance ; un trésor de réflexions, d’observations, de sentiments, revêtus par l’art d’une forme impérissable ? N’est-ce pas la substance dont nous sommes faits, n’est-ce pas notre être même ? Le train de la nature physique et des masses humaines livrées à leurs appétits est la destruction aveugle de tout ce qu’a créé l’esprit. Sachons, même en ce siècle où l’on enseigne qu’ancien est synonyme de vermoulu, discerner, dans le passé, ce qui est mauvais et ce qui est bon, et, sans fausse honte, défendre contre les forces destructrices les vraies richesses de l’humanité. Ainsi firent nos pères : imitons-les.

Considérons l’une des expressions les plus parfaites de notre génie national : la langue française. Tour à tour alerte, spirituelle, simple, colorée, harmonieuse, large, énergique, familière, tendre, subtile, fière, mordante, somptueuse, sobre, pittoresque, elle a fait paraître excellemment la souplesse et la puissance de changement qui caractérisent la vie ; et, en même temps, elle est demeurée elle-même ; le modèle de la clarté, de l’ordre, de la précision et de l’élégance. C’est qu’elle a été défendue avec vaillance par nos écrivains, par notre société, par notre peuple, qui avaient le sens de sa beauté, et qui, pieusement, se soumettaient à ses lois. Pourquoi cette estime singulière que le monde témoigne à la Compagnie dont j’ai l’honneur d’être aujourd’hui le délégué ? C’est qu’elle a été instituée pour conserver, pure et semblable à elle-même, à travers les vicissitudes de l’usage, cette merveille qu’est la langue française ; et c’est que jamais, par nulle séduction passagère, elle ne s’est laissé distraire de sa mission. Si l’Académie française, vieille de près de trois cents ans, demeure l’une des forces vives de la nation, c’est qu’elle représente, d’un esprit à la fois libre et ferme, la fidélité aux plus nobles traditions littéraires et morales de notre pays.

Nous défendrons le passé ; pareillement nous défendrons l’avenir. Il ne suffit pas que l’avenir fasse table rase du passé pour qu’il lui soit supérieur. Nous lutterons pour sauver l’avenir de progrès qui seraient des décadences, et pour susciter des créations qui n’usurpent pas le nom du progrès.

L’avenir, aujourd’hui, a pour devise : production ; nous produirons de toutes nos forces. Mais, nous laisserons-nous envahir par les soins et les jouissances de la production matérielle, au point d’oublier ou de tenir pour accessoires les beautés de la production spirituelle ? Supposerons-nous qu’à un homme conscient de sa dignité les jouissances matérielles suffisent ; ou, encore, que la force mécanique sécrète la vertu et la beauté, comme le foie sécrète la bile ? Le progrès continu des sciences engendre de lui-même le progrès du bien-être, et, avec la satisfaction des besoins physiques, leur multiplication indéfinie. Le devoir, cependant, subsiste, de mettre l’esprit au-dessus de la matière, et de faire servir l’accroissement de nos moyens d’action à grandir et ennoblir l’âme même et la conscience de l’homme.

Aujourd’hui comme hier, il nous faut, non seulement des machines, mais des hommes de foi, de cœur, d’intelligence, d’énergie et de patriotisme, pour combattre les forces destructrices qui nous assaillent.

Nous qui, avec une périlleuse abnégation, avons risqué l’existence même de notre pays pour sauver le monde de l’asservissement et faire communier l’idéal avec la réalité, nous devons, avec une suprême énergie, combattre en nous-mêmes l’égoïsme et le matérialisme, et nous vouer, dociles, à la grande tâche que les événements nous imposent : faire surgir, de l’océan tumultueux qui bat ses rives, une France plus que jamais forte, noble, belle, généreuse et humaine, plus que jamais digne de l’estime, de la sympathie, de la confiance et de l’amitié des peuples.

Une telle œuvre suppose l’action collective et concertée. Ceux-là seuls, d’ailleurs, qui sauront s’unir compteront désormais dans le monde. Notre dernier mot doit donc être celui qui, dès l’explosion de la guerre, fut sur toutes les lèvres, celui qu’actuellement même nous nous redisons chaque jour, parce que nous sentons qu’il contient le secret de notre destinée : union ; union vraie, sincère, profonde, cordiale ; non politique et de circonstance, mais essentielle et inébranlable. Pour réaliser une telle union, nous ne saurions nous contenter de discours, d’organisations, de compromis. Ici encore, rien d’efficace sans la conscience du devoir et sans la vertu.

Nous différons entre nous d’opinions, de croyances, de goûts, d’éducation, de passions ; et il est, certes, difficile de s’unir intimement à qui ne pense pas comme soi. Mais la patrie est là, à laquelle nous devons le meilleur de ce que nous sommes, qui représente une forme exquise de l’idéal, et qui ne cueillera les fruits de sa victoire que si nous continuons, unis, à lutter pour elle. C’est en nous unissant à nos compatriotes que nous assurons à notre force propre son maximum de puissance et d’efficacité. Sachons donc faire l’effort moral sans lequel tous les autres sont vains : l’effort pour nous unir, non extérieurement, mais de cœur, d’intelligence et de volonté. Ni le destin, ni la science, ni les révolutions brusques ou progressives, ni les calculs de la politique, ni les organisations sociales n’écarteront, à eux seuls, les périls qui nous menacent, ne prépareront, à eux seuls, l’avenir que nous devons à notre patrie. C’est du dedans que l’on vit, et c’est du dedans que l’on meurt. Nous tirerons de nous-même, la force qui domine et dirige les évolutions.


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