Discours d'ouverture

par M. Paul Girard

Président

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Messieurs

Elle a sonné, l’heure de la délivrance, de la libération du sol sacré de notre pays. Je suis sûr de répondre à vos sentiments unanimes en adressant le salut de l’Institut de France à ces milliers de Français qui, après tant d’humiliations et de tortures, se voient enfin arrachés à la plus odieuse des servitudes. Qu’ils sachent, ces martyrs d’une guerre inexpiable, qui jamais n’ont désespéré de la victoire, qui l’attendaient de tous les points de l’horizon et jusque des profondeurs du ciel, qu’ils sachent qu’en ce jour notre cœur est avec eux dans la joie indicible de la patrie retrouvée.

L’événement tient du prodige. Vous avez encore présente à la mémoire cette foudroyante avance nous accablant du poids de forces quintuplées. Paris menacé, bombardé de nuit et de jour, de formidables assauts se multipliant à de courts intervalles, en dépit d’une résistance qu’exaltera l’histoire, puis cette résistance se changeant en offensive, et l’offensive croissant en audace prudente et calculée sous la direction de l’un des plus grands chefs de guerre que notre temps ait connus, refoulant pied à pied l’ennemi victorieux, emportant ses défenses les plus redoutables, propageant l’incendie sur l’immense front de bataille, franchissant nos frontières pour porter en Belgique son élan libérateur ; quelle épopée, quel drame surpassant tout ce qu’a pu concevoir l’imagination des poètes ! Et les acteurs de ce drame de justice, ce sont nos combattants, héritiers de nos traditions nationales de générosité et de bravoure ; ce sont leurs frères d’armes, ces soldats britanniques dont nous n’admirerons jamais assez l’endurance et le courage ; c’est cette jeunesse américaine qui, dès sa première apparition sur nos champs de bataille, a marqué sa maîtrise, et qui chaque jour nous rend témoins de son esprit de sacrifice et de sa noble ardeur ; ce sont ces Belges héroïques, dont chaque pas en avant sur la terre qui est la leur, et qu’ils affranchissent, a pour le monde entier, attentif et anxieux, une signification particulièrement touchante. N’est-ce pas, en effet, le châtiment qui commence, le châtiment du crime qui souleva la conscience de l’univers ? Patience, il précipite sa marche ; bientôt ce peuple de fière résolution et de détresse aura repris sa place parmi les libres nations.


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